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Le Père Joseph CANTON, ou la vie d’un béret, de sandales et d’une bible 

…. Il était une fois dans le petit village de Saint Dos au Pays Basque, un petit Joseph, qui naquit il y a 104 ans, dans une famille de 7 enfants. Un soir, un Sage apparut et se pencha sur lui. Il lui prédit une vie de grand voyageur et pour ce faire, lui confia un béret, des sandales et une bible, sans oublier un petit flacon d’élixir de longue vie. Dans sa bible Joseph trouva un marque page où était écrit : Beti Aintzina suivi du mot Ibarre. 

Quézaco ? se dit le béret. Moi, je viens des manufactures de Nay, en Béarn ! Alors la bible prit la parole et expliqua qu’Ibarre était le pays de St Michel Garicoïts, fondateur des Pères de Bétharram et « Beti aintzina » sa devise (« toujours en avant »). 

Joseph comprit où était sa vocation. Il prit ses sandales pour aller d’abord dans le Gers puis quitta sa contrée pour Bethléem où il fut ordonné prêtre en 1933. Bien sûr, le béret avait suivi, et il abritait déjà une tête bien faite. Sans bruit, les neurones continuaient à s’activer et c’est ainsi que notre jeune béarnais obtint sa licence de théologie à Rome. La guerre ramena Joseph dans le Gers où avec sa T4, à travers champs, il fit la quête du vin et du blé pour assurer le quotidien. Il regagna sa chère terre béarnaise en 1946 où le Sage réapparaissait de temps en temps, lui demandant de partir et repartir. Ainsi, le béret, les sandales et la bible voyageaient et étaient contents. Comme Joseph avait appris pendant la guerre qu’il fallait aussi s’occuper des nourritures terrestres, il convia l’Intellectuel, le Matériel et le Spirituel pour leur proposer de devenir Econome et professeur, rôle qu’il assura jusqu’en 1969. Se souvenant de ses racines paysannes, il donna aussi un coup de main à la ferme attenante à Bétharram et le béret en fut très honoré. Quant aux sandales, elles sautillaient d’impatience pour repartir à Jérusalem et Joseph les suivit avec obéissance. Il fut nommé Supérieur du Patriarcat Latin de Jérusalem. La bible nourrissait ses méditations et Joseph peu à peu devenait à son tour un Sage. Il revint définitivement en 1978 à la maison de retraite de Bétharram où il assura la comptabilité tout en veillant sur les abeilles ! 

Toutes ses études et tous ces calculs lui firent perdre ses derniers cheveux : le béret devint encore plus protecteur. De temps en temps, les sandales emmenaient Joseph dans sa famille ou pour faire une pause à la palombière.
Et la vie s’écoula ainsi tranquillement. Devenu Grand Sage,

Joseph enchanta les enfants du village qui venaient le voir régulièrement pour un goûter plein d’histoires pittoresques ! Le 19 février 2015, des petites fées sortant des grottes de Bétharram vinrent le chercher tout doucement, et emportèrent avec lui, son béret, ses sandales et sa bible.