L'histoire
Description de l'intérieur
Les sépultures
L'histoire
Par Bernard DUHOURCAU
A l'alignement des maisons de la rue principale du village, l'église ne se distingue pas par une façade particulièrement décorée. Si vu de la plaine son clocher domine les toits du village d'une silhouette typiquement béarnaise avec ses courbes et ses contrecourbes, sa situation sur la place centrale permet de la repérer à l'intérieur du village.
En 1335 lorsque naît Lestelle, une église modeste probablement est construite non là où nous la voyons, mais sur le bord de la terrasse du Gave à l'emplacement où se dresse la croix du Castet. Cette croix est tout ce qui reste du souvenir de ce premier lieu de culte emporté par une crue catastrophique du Gave en 1678 avec plusieurs maisons autour.
En 1679 le village se trouvait donc sans église et les habitants demandèrent à l'Intendant de Béarn l'autorisation d'en reconstruire une "malgré la disette d'argent et la pauvreté dans laquelle ils se trouvaient." (Lassalle P. 252). L'emplacement fut choisi en bordure de la place centrale de la bastide où se trouvaient la plupart des artisans locaux; le terrain appartenait à un certain Jean Lastinère et un appentis qui fut acquis en même temps devait servir à l'école.
Ce fut un maçon de Lestelle qui obtint l'adjudication de la construction avec trois associés et .un charpentier de Saint-Pé.
La première pierre fut posée le 22 août 1679 et l'église bénite en mars 1682. En 1685, le chœur et la voûte étaient couverts. Une cloche avait été fondue sur place en 1691 par le fondeur Tarbais Dencausse. En 1687, le chantier se termina par la plantation du mai sur le faîte de l'église.
Restait cependant à terminer l'ouvrage. Le clocher fronton qui devait fermer la façade n'était pas construit; les cloches étaient suspendues dans une ouverture et sonnaient dans l'église même, la nef n'était pas crépie, le sol n'était pas nivelé et la nef n'était pas couverte de sa voûte. Les travaux traînèrent jusqu'à l'année 1738 où l'évêque lassé d'attendre frappa l'église d'interdit: cela n'empêcha pas les habitants d'assister aux offices à Bétharram mais ils ne pouvaient plus s'y marier, ni s'y faire enterrer. Après maints épisodes de réouverture et de fermeture le clocher fut construit sur un plan élaboré en 1763 ; le mur de la façade était surmonté d'un second mur percé pour recevoir les cloches auquel s'adossait un appentis couvert d'ardoises. Il fut achevé en 1769. Entre-temps une généreuse donatrice avait fait rouvrir l'église en faisant don du retable en 1751. Une confrérie du Saint Sacrement avait payé le retable du bas-côté gauche, celui qu'on voit encore. Enfin en 1776, les inhumations cessèrent dans l'église; les paroissiens utilisèrent l'ancien cimetière qui entourait l'église disparue, là où se dresse aujourd’hui la croix de la place Castet.
Comme le remarque le Père Lassalle, le peu d'empressement mis par les Lestellois à achever leur église venait de l'usage qu'ils avaient pris de célébrer la plupart de leurs offices à la chapelle de Bétharram ; non seulement ils y allaient pour les grandes fêtes, mais aussi pour les messes des morts et les mariages. La cure était desservie par un chapelain du sanctuaire. Le dernier entré dans la congrégation remplissait cet office. Pendant les travaux de construction, ils aidèrent de leurs deniers les jurats de Lestelle, pourvurent la sacristie d'ornements et firent don du tabernacle de l'autel.
Bernard DUHOURCAU. Juin 1987
Description de l'intérieur
Par Bernard DUHOURCAU
Aujourd'hui la visite de l'église de Lestelle offre l'agréable surprise de retrouver intact le riche décor dont les anciens habitants de la Commune sous l'ancien régime l'ont doté; et de plus on a l'agréable plaisir d'entrer dans un bel édifice remis à neuf au cours des années 1959/64 par les soins du curé, le Père LABORDE-TURON, bien entretenu et baignant dans une lumière agréable, grâce aux vitrages ouverts dans la partie supérieure.
La nef, droite et nue, séparée des bas côtés par quatre arcades est terminée par un choeur demi-circulaire. En entrant on passe sous une tribune bordée d'une belle balustrade au galbe Louis XIII qui s'appuie sur une poutre monumentale. Celle-ci est supportée par deux colonnes de marbre gris au fut rond cerclée à mi-hauteur d'un anneau et qui reposent sur des bases carrées de marbre noir par l'intermédiaire de deux vasques rondes creusées en bénitiers. Le marbre des colonnes rongé par l'humidité a perdu malheureusement son poli d'origine.
Le Choeur
Tout de suite après le regard est attiré au fond du choeur par un imposant retable de style baroque aux tonalités blanches et or. C'est un des plus beaux retables du Béarn, de l'avis de tous les connaisseurs et même de ceux qui sont sensibles à la beauté d'une oeuvre d'art. Son décor est un exemple typique de ce que l'on a appelé au 18ème siècle le style rocaille en raison des motifs découpés et contournés inspirés des rochers, des algues et des coquillages du bord de mer. L'inspiration générale en est italienne d'où l'abondance des ors et des blancs. A l'origine les fonds étaient à base de roses et de verts; la restauration de 1962 les a habillés de faux marbres assez réussis. La généreuse donatrice inconnue de 1757 s'était adressée au maître sculpteur CLAVERIE de Lourdes, qui travaillait en Bigorre à la même époque que les FERRER D'ASTE. Il a réalisé là un chef d'oeuvre de l'art religieux baroque du Sud-Ouest. La dorure en avait été confiée à Bernard CARASSUS de Louvie-Juzon.
Le retable, incurvé selon l'arrondi du mur du fond est divisé en cinq panneaux séparés par des pilastres et des colonnes à chapiteaux corinthiens. Ce mur du fond est d'ailleurs percé d'un oculus ouvert dans l'axe de la nef et qu'on ne peut voir que de l'extérieur, caché qu'il est par le panneau central. Celui-ci est occupé par un monumental haut relief, représentant dans un paysage montagneux et un ciel de soleil couchant, Saint-Jean-le-Baptiste debout désignant un agneau couché à ses pieds. Comme le veut la tradition, il est revêtu d'une ample peau de bête, une peau de chameau qui lui découvre le bras droit et le torse. La peau est entièrement dorée selon les habitudes artistiques de l'époque, comme la toison de l'agneau et quelques arbres du paysage du fond. Le Saint tient à la main droite une croix (qui a perdu sa hampe) d'où se détache une banderole portant l'inscription: Ecce Agnus Dei: voici l'agneau de Dieu. Pour bien situer la scène dans son pays d'origine l'artiste a sculpté derrière le personnage un palmier à l'abondant feuillage.
Avec sa tête imberbe à la chevelure bouclée, avec la musculature fine de ses bras et de son torse, l'apôtre donne l'image d'un jeune et viril athlète, dont la beauté se reflète dans les deux anges ailés qui se penchent au-dessus de lui. Il faut remarquer aussi l'encadrement de ce haut relief, interrompu au milieu par deux têtes d'anges ailés: le motif, à petits losanges remplis d'un fleuron, est directement inspiré du décor de la chambre du Roi à Versailles, qui à cause de cela a été repris fréquemment dans les décors des châteaux et des églises, bien après la mort de Louis XIV.
De chaque côté du panneau central, deux niches à coquille abritent les statuts des parents du précurseur; à gauche Elisabeth en femme âgée, au manteau largement drapé, à droite Joachim revêtu du costume de grand prêtre du Temple de Jérusalem, tunique courte bordée de sonnettes, pectoral rituel de pierres précieuses, et tiare à double cornes latérales, comme sont représentés les grands prêtres juifs dans l'art chrétien classique. L'encadrement des niches et le piédestal des statues est typique du style rocaille de l'époque Louis XV.
Les deux autres panneaux, à gauche et à droite, sont occupés par d'harmonieux entrelacs et rinceaux au centre desquels des médaillons représentent les deux scènes les plus connues de la vie de Jean-Baptiste : le baptême de Jésus dans le Jourdain et la mort du Prophète décapité dans sa prison ; le bourreau dépose sa tête dans le plat que Salomé va porter à Hérodiade.
Toute cette sculpture est. d'excellente qualité qu'il s'agisse du décor dans le meilleur goût baroque, des vêtements et des lignes des statues aux courbes harmonieuses, des visages qui malgré les marques de l'âge sont vivants et paisibles. Parmi tous les sculpteurs qui à cette époque ont travaillé dans les Hautes et Basses-Pyrénées, Pierre CLAVERIE de Lourdes a laissé là une oeuvre de maître à l'égal des FERRERE et de BRUNELLO, auteur du retable de Bétharram.
N'oublions pas de regarder l'entablement qui couronne cet ensemble. Entre les écussons qui surmontent la corniche, et sous la retombée des arcs de la voûte, se presse toute une nichée de têtes d'angelots aux joues rebondies et colorées noyés dans des volutes de nuages couleur d'argent (mais avec l'âge l'argenture a noirci). On rencontre des têtes d'ange tout autour du choeur et un peu partout. Si on cherche à les compter, on dépasse la quarantaine, avec ceux qui encadrent le tabernacle et ceux de l'autel de la Chapelle du Saint Sacrement i une vraie ruche angélique, cette église…
Le Tabernacle, on le sait, a été offert par les chapelains de Bétharram. Cela explique son style un peu différent du reste, en particulier le baldaquin aux draperies retenues par deux angelots nus (malheureusement "redorés" à la bronzine !). Sa forme arrondie à l'encadrement godronné, le choeur qui supporte la Croix qui le surmonte, indique une provenance d'un atelier différent de l'ensemble sculpté par CLAVERIE.
L'autel lui-même n'est pas un autel tombeau comme la plupart de ceux de cette époque, celui de Bétharram en particulier. Sa forme rectangulaire très simple a facilité son déplacement pour permettre de dire la messe face au peuple comme le recommande le concile de Vatican II. Le panneau central, décoré de rinceaux en relief doré encadre un tableau ovale où Jean-Baptiste assis revêtu d'un large manteau pourpre montre le Christ qui passe dans le lointain. C'est une peinture élégante et bien conservée.
La solution de déplacer l'autel, permettant de supprimer un autel provisoire d'une banalité affligeante, semblait d'une simplicité évidente. Mais il a fallu le transport sur place à deux reprises des autorités des monuments historiques pour l'autoriser en calmant les scrupules de conscience du responsable régional de ce service.
La réorganisation du choeur en fonction de la nouvelle liturgie s'est faite avec une discrétion remarquable qui n'a pas été, comme en certains autres édifices cultuels, jusqu'à supprimer la table de communion. C'est une très belle oeuvre de ferronnerie, la plus belle que le 19ème siècle ait laissé à l'église de Lestelle. Entièrement forgée à la main avec ses fines courbes et contrecourbes, encadrées de frises en grecques régulières, elle est ornée sur toute sa longueur d'une exhortation latine: VENITE ET ACCIPITE - EGO REFICIAM VOS, ce qui se traduit par: "Venez et recevez (et) je vous rendrai vos forces". Le forgeron inconnu (on serait heureux de l'identifier) est peut-être le même à qui on doit la très belle grille de la tombe du Colonel Delettre dans le cimetière communal.
Aux abords du choeur
Aux abords du choeur, les murs de la nef offrent des oeuvres d'art anciennes assez intéressantes pour avoir mérité d'être classées par les Beaux Arts en 1976. Il s'agit à gauche d'une statue de la Vierge debout tenant l'Enfant Jésus sur son bras; à droite d'une grande Croix de procession et de deux personnages agenouillés de chaque côté.
En ce qui concerne ces derniers, le mot de personnage est employé intentionnellement malgré l'arrêté préfectoral qui les désigne sous les noms de Saint-Jacques le Majeur et Saint-Jacques le Mineur, avec point d'interrogation il est vrai. Ce point d'interrogation est facilement levé quant on examine les vêtements de ces personnages. L'un a un habit de moine, avec robe, scapulaire et manteau, l'autre a une robe avec ceinture de corde et chapelet et une pèlerine parsemée de coquilles Saint-Jacques. Tous deux sont en prières en regardant au-dessus d'eux l'objet de leur adoration.
Il ne s'agit pas de Saints ceux-ci étant représentés, à la vénération des fidèles debout avec une auréole (dont les statues ne portent aucune trace). Il s'agit très probablement d'un moine et d'un pèlerin (ou peut être d'un ermite de la colline de Bétharram qui en comptait plusieurs au 17ème siècle) le moine portant semble-t-il le costume dominicain. Cette dernière supposition permettrait d'envisager que ces deux statues qui figuraient dans la chapelle de la Vierge du bas côté droit, encadraient une image de la Vierge Rosaire, image représentée dans un vitrail plus récent de deux siècles de ce bas côté.
Le très beau Christ entre les deux statues, est appliqué sur une croix qui a été certainement une croix de procession d'une confrérie de la paroisse, comme l'indique la longue hampe peinte en rouge qui prolonge la croix vers le bas et servait à la tenir.
En face, sur le mur de gauche, la statue de la Vierge à l'enfant debout est une récupération "in extrémis" mais fort heureuse. A regarder son beau visage ovale et la grâce agile de son enfant en équilibre sur son bras gauche, on se rend compte qu'on a là une de ces très belles vierges de la sculpture classique du 17e siècle dont un autre exemple, mais en marbre, est au centre de la façade de la Chapelle de Bétharram.
Inutile de lui demander comment on a été la chercher à la fenêtre du deuxième étage de l'école libre et ce qu'elle y a subi d'avanies du temps et des intempéries. Lorsqu'elle fut descendue en 1962, les peintures de ses vêtements, de son visage et de ses mains s'en allaient en lambeaux. On fit pour elle ce que les moyens du temps seuls permettaient, elle fut décapée, traitée contre la vermoulure. Elle est actuellement au-dessus de l'emplacement de l'ancien banc d'oeuvres (aujourd'hui dans le bas côté gauche). Sur le mur, autour d'elle, on a fixé des éléments de bois doré sculptés provenant d'un autel démoli (peut-être l'ancien autel du bas côté droit). Cette oeuvre est située un peu trop haut pour que l'on puisse la voir de près et admirer sa grâce.
N'oublions pas de regarder ce qui reste de la chaire aujourd'hui, en dessous de la croix processionnelle. Il s'agit là d'un meuble béarnais dont les panneaux reproduisent des motifs classiques de l'école dite de Morlaàs : au centre un coeur percé de deux flèches encadré d'un grand quadrilobe. Par contre, par prudence, à la Révolution, les quatre Fleurs de lis qui en décoraient les angles ont disparu, remplacées par un semis de marguerites qui font le tour du panneau: les traces des emblèmes du "tyran" sont cependant visibles sous la peinture. Le dos de la chaire a été transporté dans le bas côté gauche, au-dessus du banc d'oeuvres.
Les bas côtés
Intéressons nous maintenant à ce que nous rencontrons dans les bas côtés, qui connaissent encore l'affluence lors de cérémonies rassemblant l'ensemble de la commune. Ces bas côtés servaient autrefois de chapelles de confrérie; aussi adopterons nous désormais ce nom pour désigner ces parties de l'église.
La chapelle de gauche s'appelait récemment chapelle du Sacré-Coeur à cause de la grande statue qui surmontait l'autel du fond. Aujourd'hui on devrait l'appeler chapelle du Saint Sacrement à cause du motif du grand retable qui garnit entièrement le mur du fond et qui date certainement de l'époque de la construction de l'église, quand la compagnie du Saint Sacrement était répandue dans toutes les paroisses de France. Le motif central du retable est un ostensoir reposant sur un coussin de nuages: sa forme est caractéristique de ces objets au 17ème siècle. Quatre anges en adoration l'entourent, dont deux balancent des encensoirs fumant.
En dessous de cette scène deux saintes sont agenouillées en prière: celle de gauche porte un petit plateau ovale sur lequel sont sculptés deux yeux. Aucun doute il s'agit d'une des saintes les plus invoquées dans les campagnes françaises, sainte Lucie à qui on avait arraché les yeux en cours de son martyre en 304, et qui depuis était invoquée pour la guérison des maladies des yeux. La sainte de droite tient seulement à la palme du martyre ce qui est un attribut commun à beaucoup. Mais elle pose sur son coeur la main droite. S'il s'était agi de Sainte Apollinaire, dont le culte accompagnait habituellement celui de Sainte Lucie elle aurait présenté sur un autre plat les dents qu'on lui avait arrachées au cours de son supplice. Mais une autre sainte, Sainte Agathe était très invoquée dans les paroisses du piémont pyrénéen pour protéger des orages et surtout de la grêle qui détruisait parfois en une heure la récolte de toute une année. A quelques kilomètres de Lestelle, à Peyrouse, pour la fête de la sainte, les cloches sonnaient toute la nuit. Or la représentation du martyre de la sainte à qui on avait coupé les seins, était rare dans l'art religieux français pour ne pas choquer la sensibilité des paroissiennes, à la différence des peintres espagnols et italiens. La sculpture de la chapelle de Lestelle est un modèle de grâce et de modestie pour évoquer sans le montrer le supplice sadique auquel avait été soumis la martyre de Syracuse.
Dans l'autre bas côté se trouvait la chapelle de la Vierge où se réunissait probablement la congrégation des enfants de Marie. C'est pourquoi l'autel à l'encadrement néogothique est surmonté d'une copie réduite de la vierge de Renoir qui trône dans le sanctuaire voisin de Bétharram. De chaque côté de l'autel on a placé les statues de Saint Joseph, l'époux de Marie et de Saint Michel Garicoïts qui commanda à Renoir la statue de Bétharram.
Un dernier embellissement de l'église a été l'installation au fond de la chapelle du Saint Sacrement des fonts baptismaux. C'est un monument en pierre peinte en blanc comportant un encadrement sculpté dans un style inspiré de la Renaissance. Au centre la cuve baptismale en forme de crédence est en marbre blanc veiné de gris. Sur la base de la cuve avec la date 1892 on lit: "Fons vitae" (fontaine de vie). Au sommet des montants d'encadrement on lit à gauche : "OPortet nasci denuo" (il nous faut naître une seconde fois) et à droite: "Filli dei factisumus" (nous avons été faits fils de Dieu). Enfin trois blasons sont sculptés dans la partie centrale : le blason pontifical de Léon XIII, encadré de deux blasons de noblesse, ceux des donateurs du monument (dont l'étude est à faire).
Les vitraux
Il reste à parler des vitraux de l'église qui distribuent une clarté légèrement colorée dans toutes les parties de l'édifice. Ceux des bas côtés qui représentent des saints ou des scènes religieuses, remontent au plus tard à la fin du siècle dernier. Au bas côté gauche se succèdent Saint Jean Baptiste (don de Madeleine Laccourèges), Saint Michel (don de l'archiprêtre Monsarrat), et Saint Pierre (don de Marianette Simonet). Au côté droit l'effigie de Saint Paul est un don de la famille Monguilan (A.M.). Puis viennent trois scènes: la présentation de la vierge au temple, don de Marie Matocq et Thérèze Lacaze exécuté par le verrier toulousain Mauméjean en 1902. La scène suivante, l'apparition de la vierge du Rosaire à Saint Dominique, porte la mention: don de J. B. 1924 et la signature de la S.A. Mauméjean (Paris, Madrid, Hendaye et Saint Sébastien). Le dernier vitrail est un hommage de toute la paroisse au sanctuaire voisin de Bétharram. Sur le fond des montagnes du sanctuaire, on y voit Michel Garicoïts aux pieds de la statue de la chapelle entourée d'une gloire rayonnante. C'est une jolie oeuvre dans le goût de l'époque 1930 (dite des "arts décoratifs") et due au même artiste qui a exécuté le grand vitrail du plafond de la chapelle Saint Michel à Bétharram.
Un travail très heureux de remise à neuf de quatre de ces vitraux a été exécuté par un verrier bien connu de la côte basque, M. Lesquibe ; il a consisté à détacher du fond du vitrail les personnages et les cartouches des donateurs et à les réinsérer dans des fonds clairs aux lignes droites et sobres, qui mettent en valeur la qualité des figures. Le même verrier a choisi pour les fenêtres de la partie haute de l'église, choeur, nef et tribune, des tons pastels clairs au travers desquels la lumière du jour et le soleil jouent agréablement en toute saison.
Les cloches
On ne saurait oublier en parlant des richesses de cette église celles qui appartiennent au domaine de la musique : je veux parler des cloches. En plus des heures et des demies, trois fois par jour, elles rythment notre vie au son de l'angélus, et le glas rassemble l'âme collective de la communauté autour de ceux qui la quittent.
Il y en a deux qui ont succédé à celle qui fut fondue sur place par Dencausse en 1691 et suspendue dans le mur de façade avant la construction du clocher. Elle disparut peut être réquisitionnée au cours de la Révolution. A sa place une cloche fut hissée dans le clocher en 1806. La date figure au bas de la robe de cette cloche au pied d'une croix nue. Sur le corps une marque de fondeur porte, sous le monogramme l H S l'indication HEBRARD - M - F - (m'a faite). Et tout autour de la coiffe, on lit sur trois lignes :
SANCTE . JOANNES . BAPTISTA . ORA . PRO. NOBIS . R. MENUDE CURE
BERNARD. SIMONET . MAIRE. J . N . ARGACHA . ADJOINT. MONSARRAT
J . N . PEYROUNAT . CANTONNET . PE ( ) RE . FONTARRABIE .MARGUILLIERS.
C'est un résumé de l'histoire de la commune après la Révolution.
La seconde cloche date d'une centaine d'années après. La première ligne de l'inscription autour de la coiffe, après une invocation à Sancte JOANNE, indique qu'elle a été "fondue à Tarbes par V. Dencausse en 1913". Ce Dencausse était le successeur de celui qui avait fondu sur place la cloche de 1691.
Ensuite se lisent les noms du curé: J.P. DONZELOT. Et après ceux du parrain: Ernest PEYROUNAT et de la marraine : Marguerite MONGUILLAN (oncle et grand mère de l'auteur de ces lignes).
La décoration de la cloche est recherchée; sous les inscriptions court un bandeau de feuilles de lierre, et au-dessus de la lèvre de la cloche une guirlande de fleurs en festons. Cette guirlande est coupée par une image peu commune pour l'époque: Jeanne d'Arc en armure sur un cheval bondissant et qui brandit un étendard. A l'opposé de cette marque on trouve un Christ en croix entouré de la Vierge et Saint Jean. Et sur le flanc de la cloche se voit une image de Saint Jean Baptiste debout tenant sa croix.
Il faudrait être bien mauvais coucheur pour se plaindre d'entendre ces cloches au son clair et bien accordé. Que diraient les Lestellois d'être comme tant de populations de travailleurs soumis au régime des sirènes, qui évoquent les temps sombres de 1939 - 1945. On peut même regretter de ne plus entendre la voix de la petite "esquirette" annonçant la messe des dimanches d'autrefois. Elle se morfond encore dans le clocheton qui surmonte le toit du choeur.
La richesse du patrimoine de notre commune se trouve à 90 % dans son église. Remercions nos anciens de l'avoir conservé. Si ces pages nous permettent d'en parler à nos visiteurs en connaisseurs elles auront atteint leur but.
Bernard DUHOURCAU. Juin 1987
Les sépultures dans l'église
Par Pierre Leborgne
Présentation de documents du XVIIème siècle
Autrefois, les personnages importants, rois, reines, évêques, cardinaux et autres célébrités, étaient inhumés dans les églises. Simples pierres tombales foulées par les pieds des fidèles ou monuments aux dimensions 'imposantes, ils sont encore l'ornement de bien des lieux de culte.
C'est ainsi qu'au pied d'un pilier de la Cathédrale de Toulouse est enterré Pierre-Paul RIQUET, le créateur du Canal du Midi. Dans la Chapelle de Bétharram, une longue inscription tracée sur le mur du choeur, à droite, signale que Bernard DE LA VIE, maître de requêtes au parlement de Bordeaux (1579-1655), est enterré dans la chapelle. Lors de travaux, sa tombe fut retrouvée sous le mur de la sacristie pourtant d'une épaisseur considérable: cette tombe datait de la précédente chapelle.
Le coeur d'Hubert CHARPENTIER, fondateur des chapelains et de la nouvelle chapelle de Notre Dame de Bétharram, mort en 1650, a été déposé dans une enveloppe de plomb sous les marches de l'autel où il fut retrouvé en 1845.
Aux XVIème et XVIIème siècles, peut-être avant, l'usage se répand d'enterrer également les simples fidèles sous le pavement des églises, quelle que soit leur position sociale. Les emplacements étant forcément en nombre limité, nombre de fidèles, sans doute les moins fortunés, continuaient à être inhumés en dehors des églises.
La biographie de Sainte Germaine, pauvre bergère de Pibrac, nous apprend qu'une quarantaine d'années après son inhumation dans l'église de cette paroisse de Haute Garonne, on voulut utiliser de nouveau l'emplacement de sa tombe. Au lieu de remuer quelques ossements, la pioche du fossoyeur dégagea le corps intact de Germaine. Elle était morte en 1601.
Plus près de nous, nous savons par l'historien Léonce PEYREGNE, de Montaut, que, au moins de 1640 à 1678, les inhumations se faisaient dans l'église de Montaut et aussi dans ses abords immédiats. Il y a eu des sépultures dans cette église longtemps après sans doute: un texte de 1690 précise que chaque sépulture donnait lieu à la perception d'un droit unique de quatre livres pour une concession à perpétuité.
De telles inhumations, très anciennement pratiquées dans toutes les églises et chapelles, furent interdites par l'édit royal du 15 mai 1776.
A Lestelle...