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- Publication : 24 mai 2019
Saint Roch naquit à Montpellier, entre 1348 et 1350, en pleine guerre de Cent Ans, pendant la grande peste noire, qui dura deux ans, et décima un tiers de la population occidentale. C’est l’époque des grandes famines et des ravages perpétrés par les grandes compagnies
Montpellier, rattachée à la couronne de France depuis 1349, était une république marchande, une grande ville du Midi, cosmopolite et tolérante, très réputée pour ses universités.
Bien que Roch fût un prénom très courant en France et en Italie, il semble plutôt que notre saint était de la famille des Roch de La Croix, lignée devenue importante au XVIe siècle, sous le nom de Castries. Son père, Jean Roch de La Croix, dignitaire de la ville, en fut le premier consul, en 1363. Sa mère, Dame Libéria, était originaire de Lombardie. Fils désiré, et longtemps attendu, il passa une enfance dans un milieu profondément chrétien.
Il fit des études de médecine. Il connut les terribles épidémies de peste de 1358 et 1361. A Montpellier, cette dernière fit jusqu’à 500 morts par jour, pendant trois mois.
Orphelin à 17 ans, riche et instruit, il décida de partir pour Rome. Il distribua sa fortune aux pauvres, rejoignit le troisième ordre franciscain, revêtit l’habit de pèlerin, reçut la bénédiction de l’évêque de Maguelone et prit la route.
Il arriva à Rome en juillet 1367. Il y resta trois mois, car la peste y sévissait. Il mit en pratique l’enseignement médical qu’il avait reçu, en l’associant à des signes de croix et une invocation sur les souffrants, et obtint de nombreuses guérisons.
Lorsqu’il apprit qu’à Cesena, à l’opposé de sa direction, l’épidémie faisait rage, il s’y rendit, faisant ce que Dieu attendait de lui au fur et à mesure de son pèlerinage, et obtint là encore des guérisons miraculeuses. De retour à Rome, il rencontra le pape Urbain V, qui s’écria, en le voyant : «Il me semble que tu viens du Paradis !».
Atteint par la peste, Roch se rendit péniblement jusqu’à un bois, à l’orée du bourg fortifié de Sarmato, pour y mourir. A cet endroit, une source jaillit et un chien lui apporta chaque jour un pain. On rapporte également qu’un ange secourut Roch. Il recouvra la santé et retourna à Plaisance, auprès des pestiférés, faisant preuve d’un courage et d’une humanité remarquable.
Il reprit sa route, mais les terres milanaises étaient le théâtre d’une guerre entre le Duc de Milan, et la ligue constituée par Le pape Urbain V. Pris pour un espion, Roch fut arrêté à Broni, et transféré à Voghera.
Sa renommée était déjà grande. De surcroît, il pouvait être identifié, grâce à sa marque de naissance en forme de croix sur la poitrine, par son oncle, gouverneur de la ville. Mais, fidèle au voeu d’anonymat de tout pèlerin, Roch ne révéla pas son identité, et demanda à pouvoir reprendre son chemin, en tant qu’ «humble serviteur de Dieu». Sa requête fut rejetée, et il fut mis au cachot.
Son emprisonnement dura cinq ans. Selon la tradition, il ne dévoila son identité qu’à un prêtre, la veille de sa mort, en 1379
Saint Roch fut enterré avec dévotion à Voghera Sa dépouille, gardée dans l’église qui lui est toujours dédiée, fut volée, ou fit l’objet d’une transaction, en février 1485 (à l’exclusion de deux petits os du bras), et transportée à Venise.
La majeure partie de son corps est toujours à Venise. En 1856 un tibia fut donné à l’église Saint-Paul de Montpellier, laquelle est dépositaire aujourd'hui de la relique et de son bâton de pèlerin.
Si l’on invoque Saint Roch bien souvent pour se protéger contre les épidémies de peste, choléra, typhus, grippe espagnole, contre la silicose des tailleurs de pierre, des paveurs et des carriers (Roch = roc), contre les maladies des animaux (la cocotte) et de la vigne (le phylloxéra), il est également le saint patron des corps de métier suivants :
- Chirurgiens ;
- Ouvriers de la pierre (notamment les tailleurs de pavés de la forêt de Fontainebleau) ;
- Gens de la terre ;
- Boulangers ;
- Mégissiers ou tanneurs de peaux ;
- Vignerons dans de nombreuses provinces de France ;
- Maîtres chien (agents cynophiles, éducateurs canins). En cynotechnie militaire, souvent est reprit la phrase « Et par saint Roch, vive la cyno ! » qui vient clôturer un discours avant de commencer un repas ou un pot ;
- Bateliers de Savonnières (Indre-et-Loire).
Enfin, il est également le saint patron de la Faculté de pharmacie de Montpellier.
Des villes, des quartiers, des rues, des lacs, des collines, des forêts, des caps portent son nom, non seulement en France, Italie, Espagne et Europe, mais jusqu’en Argentine, Colombie, Afrique, aux Antilles, à Madagascar, aux Philippines, aux Etats-Unis, au Canada, au Brésil…
Protecteur des animaux et des végétaux, il est l’intercesseur le plus aimé du monde paysan. Des centaines de lieux fêtent Saint-Roch le 16 août. On dénombre des milliers d’églises, de chapelles, d’oratoires qui lui sont dédiés dans le monde entier : 3 000 en Italie où 250 paroisses, 74 villes et 36 quartiers dans les cités les plus importantes portent son nom.
Saint-Roch de Montpellier, saint protecteur et guérisseur de la peste, a connu une gloire extraordinaire –peu de saints ont été aussi célèbres entre le XVème et le XVIIIème siècle- suscitant des centaines d’ouvrages, et la plus grande représentation d’un saint dans l’art, avec des œuvres parmi les plus importantes du patrimoine culturel international, mais aussi celles de petits artistes et artisans.
Le culte de Saint-Roch est, de nos jours, toujours lié à ses vertus thaumaturges. Il est à remarquer que toutes les manifestations liées au saint, qu’elles soient cultuelles, culturelles ou festives, sont empreintes d’élans authentiques, spirituels, loin des folklores et des mondanités.
Figure moderne et charismatique délivrant un message universel de générosité et de paix, qui est plus que jamais d’actualité, il continue à susciter l’émotion populaire, et à rassembler.
Son culte a, de nos jours, une dimension internationale et intercontinentale.