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Par Yves DUBERTRAND

Après la période de troubles provoquée par la révolution, la vie des hommes reprit son cours, avec ses joies et ses peines. Lestelle retrouva un calme auquel il aspirait depuis longtemps, calme qu'il avait eu du mal à quitter, tant les Lestellois possèdent en eux-mêmes le don de la tolérance et le respect des idées d'autrui. Les édiles locaux, on l'a vu précédemment, peu réceptifs aux idées nouvelles prônées par la révolution et l'empire, virent avec joie l'apparition de nouveaux pouvoirs plus préoccupés du bien de leur peuple que d'une vaine gloire.

Ainsi le clergé, interdit par la révolution, retrouva la cure des paroisses. Le premier curé qui occupa la charge de Lestelle fut Ménudé qui, le 25 juillet 1802, signait sur les registres de la Commune l'acte d'adhésion au Concordat (acte que l'on peut voir aux archives conservées à la Mairie). Son installation n'alla pas sans mal, l'orage grondait et, dès le début, il entra en conflit avec les autorités locales. Le 2 décembre 1802, chantant la messe en la chapelle Notre Dame de Bétharram, il refusa, devant l'adjoint ceint de l'écharpe, de réciter les prières ordonnées pour le salut de l'Etat et des consuls.

Loin de s'améliorer, le conflit s'aggrava au sujet de l'administration matérielle de la chapelle. Cette administration redevint ce qu'elle était à la révolution, c'est-à-dire que le maniement des fonds était confié au curé, mais aussi au maire, assisté bien entendu des marguilliers dont nous avons vu le rôle précédemment. Le désaccord régnant entre les principaux gestionnaires sur des points très importants, l'entente ne paraissait pas être proche.

Le curé Ménudé reprochait au maire de retenir l'argent des quêtes; aux marguilliers, il reprochait d'être impolis, quant au Conseil Municipal, il n'aménageait pas le presbytère assez rapidement comme il l'avait promis. Le maire lui, accusait le curé de manquer de respect aux autorités locales, on le voit, cela pouvait durer longtemps.

Afin de remédier à cela le plus rapidement possible, le maire fit appel aux autorités temporelles ecclésiastiques. L'évêque prit la chose à coeur et écrivit des lettres assez sévères au curé et demanda à la municipalité d'activer toutefois les travaux du presbytère.

Entre-temps, le sanctuaire de Notre Dame réouvrit. Ceci amena une nouvelle animation dans notre petite cité.

Voici comment un voyageur de l'époque décrit la cité : « De l'impériale de la diligence, le 5 août, je vis le fameux monastère de Bétharram où chaque 15 août, la foule de pèlerins des Pyrénées et du Béarn vient s'agenouiller aux pieds de la Vierge Marie. Cet hospice est desservi par 14 missionnaires qui partagent leur temps entre l'éducation des enfants des environs et la célébration des messes en l'honneur de la Vierge. Bétharram est un petit village où les diligences stationnent une heure et les voyageurs ne manquent pas de faire provision de chapelets, de médailles et d'autres objets religieux à titre de souvenir de leur passage. L'Eglise et le monastère sont bâtis sur la route de Pau, au bord du Gave, dans un massif de verdure ».

Mais le XIXème siècle fut surtout celui de la restauration d'un pur joyau de notre région : le calvaire.

Nous avons vu précédemment qu'en 1621, un prêtre nommé Hubert Charpentier fut envoyé à Bétharram pour administrer la chapelle; il en profita pour l'agrandir mais jeta aussi sur les flancs de la colline dominant la chapelle, les bases d'un calvaire monumental. Nommé à Paris pour bâtir sur le Mont Valérien un calvaire semblable, il ne construisit ici que quatre stations. Son oeuvre fut reprise par les membres de la société des chapelains fondée par lui. Dans le courant du XVIIIème siècle, le nombre des chapelles fut porté à huit. Ce premier calvaire se composait de statues en bois, dont l'une d'elles nous est restée; il s'agit du Christ à la colline (qui se trouve aussitôt à droite lorsque nous entrons au sanctuaire), les autres furent brisées le 17 mars 1794.

Après la signature du concordat, l’oeuvre fut relevée par un capucin s'occupant de pèlerinages: le père Joseph Sempé. Les scènes n'étaient plus en bois mais représentées au moyen de toiles et de statues. Les premières souffrirent beaucoup de l'humidité, quant aux statues le plus souvent en plâtre ou en terre cuite, elles inspiraient, paraît-il, plus de terreur que d'animation. C'est alors qu'arriva, envoyé par Monseigneur de Salinis, l’Archevêque d'Auch, Alexandre Renoir. Ce dernier vint se mettre alors au service du père Garicoïts et arriva au printemps de 1841. De suite, il se mêle à la vie de la communauté, mais celle-ci 1ui paraissant un peu bruyante, il émigre vers Montaut où il est hébergé par 1a famille Julien. Dès le mois de juillet 1841, il réalise le premier moulage de la scène représentant Jésus au jardin des Oliviers. Au printemps de 1842 apparaît la trahison de Judas. Les travaux se poursuivent rapidement et une foule d'amis de Bétharram viennent proposer leur aide. Toutefois, le Père Garicoïts comprenant que les moyens vont manquer, décide d'arrêter les travaux, ce qui fut fait. Restait à faire l'exécution des bas reliefs de la descente de la croix, de l’ensevelissement et de la résurrection. Les stations restantes furent achevées un peu plus tard.

La bénédiction solennelle eut lieu le 14 septembre 1873.

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